94 ème étape Bolea - Sarsamarcuello - 15 km - 4h30
Comme j'ai dit hier soir, visite du patrimoine de Bolea représenté par sa collégiale du XVI ème siècle.
Ressentir et écouter mille ans d'histoire. Admirer ce retable du Maitre-Autel réalisé entre 1480 et 1503 avec ses vingts panneaux peints à la détrempe et ses statuettes en bois polychrome. Les bois utilisés sont le cyprès, le noyer, le pin de Flandre.
Une petite ampoule vient de faire son apparition sous mon pied gauche, je m'empresse de la soigner pour qu'elle ne s'aggrave pas.
Après les lunettes, les chaussures, les chaussettes, la ceinture, les sous-vêtements, c'est le corps qui donne des signes de faiblesse.
"Ô mon Dieu, tirez parti de ma vieillesse comme un père de famille économe qui utilise les déchets et les choses usées."
Marie Noël
C'est par les champs d'amandiers que le chemin me conduit à Aniés où après 6 km et demi, je vais faire ma première pause. Je vous entends dire déjà !, mais j'ai tout mon temps puisque l'étape est courte. J'en profiterai pour faire une pause au bar.
Et bien non ça ne s'est pas passé comme çà. Arrivé à Aniés, pas de bar, par contre j'y rencontre un Français qui faisait le GR 1, celui sur lequel je suis, mais dans l'autre sens. Nous avons bavardé ensemble un quart d'heure. Je ne manque pas d'admirer l'église San Esteban du 18 ème siècle.
Je reprends le chemin ou c'est le chemin qui me reprend. Il me conduit, en une heure, à Loarre où avant le village, c'est le Castillo de Loarre, bastion du 11e siècle qui se fait découvrir. Il est là haut perché au dessus du village, prêt à le défendre, comme si les Maures étaient toujours là. J'y trouve une oasis pour pique-niquer.
Un café allongé dégusté à l'ombre, sur une place où coule l'eau, comme c'est reposant, face à l'Hospederia, résidence seigneuriale du 16 ème siècle. Ici tout est contraste, à l'extérieur du village, tout est sec, tout est chaud et dans ses ruelles ou sur sa place principale, c'est l'ombre, la fraîcheur, le petit vent frais qui circule dans ses rues étroites.
Quatre kilomètres me séparent de mon prochain lit, celui qui m'attend à l'alberge municipale de Sarsamarcuello. J'ai envie de faire traîner les choses, comme quand j'étais chez ma grand-mère maternelle et que je n'avais pas envie de rentrer à la maison. J'aime entendre les petits groupes de clients qui commencent à s'installer sous les parasols, nonchalants. Il est 15h30, et pourtant le chemin me réclame.
Même si chaque soir, depuis deux ou trois jours, je retrouve à l'albergue José, mon pèlerin espagnol, c'est la liberté et la solitude totale.
Seul sur ce chemin, je peux méditer sur le sujet suivant :
"Le vrai amour ne prend rien ; il vous laisse même votre solitude, la bonne solitude où vous pouvez aller par vous-même, indépendant. Mais le vrai amour ne vous abandonne jamais. Ainsi la parole aimante est-elle une demeure où nous pouvons habiter dans l'errance."
Maurice Bellet
Quoi de plus reposant que ce soleil couchant sur la hoya, ce qui n'empêchera pas de faire un petit tour en soirée au bar social pour goûter una Copa de vino tinto.
Etape : 15 km
Cumul : 2362 km
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