124 ème étape Lavacolla - Santiago de Compostela - 10 km 2h 30
La montée vers Monte do Gozo est moyennement raide. L'émotion, après tant de kilomètres et quelques difficultés, est intense, et rien ne peut ternir mon entrée triomphale sur la Plaza del Obradoiro ; La montée rituelle des escaliers de la cathédrale mettra fin à une expérience inoubliable.
Dans le domaine culturel, il convient de noter que le centre historique de Saint-Jacques-de-Compostelle est l'un des mieux conservés d'Europe. La cathédrale, qui abrite le tombeau de l'apôtre Santiago, est toute monumentale, mettant en valeur le Portique de la Gloire, chef-d'œuvre du roman espagnol.
Aujourd'hui, ma deuxième paire de chaussettes, qui n'a pas démérité, aura le droit de prendre sa place dans mes chaussures de randonnée, pour terminer ce long périple de quatre mois, et faire son entrée triomphale dans Santiago.
Mais pour commencer, à la sortie de Lacavolla, s'agit-il d'un mythe ou d'une coutume ?
Dans le Livre Ve du Codex Calixtino, du 12 ème siècle, il est écrit : “fluius quidam distat ab urbe sancti Iacobi duobus miliariis, in nemoroso loco, qui lavamentula dicitur, id circo in eo gens gállica peregrina ad sanctum Iacobum tendens nos solum mentulas suas, uerum etiam totius corporis sui sordes apostoli amore lauari solet, uestimentis suis expoliata“.
C’est-à-dire:
… une rivière qui est à environ deux milles de Santiago, dans un endroit touffu qui s'appelle Lavacolla, les gens français qui vont en pèlerinage à Santiago, se lavent, non seulement leurs parties intimes, mais aussi, par l’amour de l’Apôtre, la saleté de tout leur corps, en se dépouillant de leurs vêtements.
Je ne ferais rien de tout cela, d'une part parce que j'ai pris ma douche, ce matin, mais également parce que j'ai été suffisamment rincé hier toute la journée.
D'ailleurs la journée s'engage mal, puisqu'au réveil des trombes d'eau se déversent sur le chemin. J'attends un peu que çà se calme pour partir.
Choix très judicieux, d'une part je suis seul à pérégriner sur cette dernière portion et d'autre part je suis enfin épargné par les grosses averses. C'est la première fois depuis une quinzaine de jours que je vois des nuages blancs. Çà me réjouit pleinement.
Monte O Gozo, de cette colline la ville sacrée nous appelle.
Rien ne vaut cette arrivée sur cette place Obradoiro et toute la charge émotive qu'elle diffuse. J'y croise quelques pèlerins rencontrés sur le chemin.
Je me rends directement à l'auberge "The Last Stamp" pour y laisser mon fardeau qui faisait presque partie de moi. Je peux ainsi aller à la messe des pèlerins en la Cathédrale. Depuis quelques jours, compte-tenu du temps exécrable que je subis et qui va encore durer longtemps, j'abandonne l'idée de poursuivre jusqu'à Fisterra.
Ainsi donc, cet après-midi, j'organise mon retour en allant à la gare. Oui, le retour doit se faire doucement. Les trains sont complets ou me font passer par Madrid. Finalement je prends le bus Alsa. Je cherche ensuite mon hébergement sur Irun.
En me promenant à la nuit tombante, j'ai tellement vu et croisé de pélerins que j'en vois partout. Pas vous ?
Il est 18h30, pour le dernier repas de pérégrination, ce soir, je vais au Paradiso, où l'on sert, soi-disant, la meilleure Sangria de Santiago. De plus lorsque le roi Juan Carlos venait dans cette ville, il se faisait servir la "Tarta de Santiago " qui vient de ce café.
Autant vous dire que j'ai fait un excellent repas, Sangria, paella d'El Señorito, verre de vin de. Ribeiro et crème caramel. Le tout servi dans un cadre très charmant.
Et pour terminer cette pérégrination, comme pour toutes les fêtes, ce sera en musique.
Cumul : 3237 km
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