1er jour - Ouistreham - Caen - 16 km - 4h

Un départ en grande randonnée pèlerine provoque souvent toute une gamme d'émotions et de fébrilités. Je passe par la peur, le stress, l'excitation, le doute aussi. N'ai-je pas visé trop haut, trop loin. La réponse, je l'aurai sur ces chemins que j'emprunterai pendant près de quatre mois.

Je me rends tout d'abord, à pied, à la gare de Laval, pour prendre un TER en direction du MANS. Comme a l'habitude, je suis près plus tôt. Mais ce défaut va devenir une qualité car des perturbations et des retards sont annoncés sur tous les trains. Par chance un TER via Le Mans qui devait partir à 6h59 part à 7h15. Je comptais rencontrer quelques personnes se rendant, encore endormies à leur travail, sans doute, mais ce train est bondé de voyageurs en partance pour leurs vacances. Ma correspondance pour Caen est à 8h24 et c'est à nouveau un TER qui me conduit en deux heures dans la capitale de la Normandie, région administrative créée en 2016, réunissant la Basse et la Haute-Normandie.

Je termine mon trajet jusqu'au point de départ le port d'Ouistreham en empruntant la ligne de bus n°12. Je descends les marches de ce bus et aussitôt les bonnes odeurs iodées de la mer envahissent mes poumons. Il est 11h, mon sac enfilé sur le dos, je prends la direction de l'église Saint Samson, point de départ du GR36. C'est le jour J pour moi et gagne la plage Riva Bella où le commando Kieffer débarqua un matin du 6 juin 1944. sur cette portion de sable blond, la plus à l'est au nom de code de Sword Beach.

Moment de recueillement pour la bravoure de ces 177 hommes. Je foule moi aussi cette plage, non pas pour débarquer, mais pour m'embarquer vers une aventure pédestre de quatre mois. J'emprunte le chemin bordant le canal de Caen-La-Mer, en laissant derrière moi le phare veillant sur l'embouchure de l'Orne se jetant aussi dans la Manche. Le chant des mouettes survolant les bateaux revenant de pêche m'accompagne quelques centaines de mètres.

 

Le cours paisible de ce canal de l'Orne , emmenant avec lui un halo de fraîcheur n'est pas sans me déplaire. J'ai l'impression de commencer mon périple en enfer, où Satan me fait cuire sous 34/39 degrés. Mais peut-être que je vais diriger vers le paradis? Heureusement Bénouville et son célèbre pont Pegasus Bridge est à une heure de marche.

Je vais pouvoir me restaurer dans le premier café libéré de France où la patronne Arlette Gondrée, petite fille de 4 ans à la libération, héritière de ce lieu par ses parents, me sert une bonne salade de thon fraîche.

Je passe aux sanitaires pour baigner mon écharpe et mon chapeau afin de repartir au frais pour la prochaine heure. Sur la droite j'aperçois la petite Lourdes. Petit miracle ? Je suis déjà arrivé dans les Pyrénées ? Ou simple coup de chaleur. Non ce petit Sanctuaire marial et sa grotte fûrent construites vers 1879 en reconnaissance de la guérison miraculeuse de l'épouse d'un négociant de Rouen, M. Dubosq. 

A l'accueil une charmante personne m'offre de son eau pour pouvoir poursuivre jusqu'à Caen. A nouveau je trempe, sans les ménager, toutes mes affaires sous le robinet. Dans la conversation, elle me glisse qu'elle connaît une soeur a l'abbaye de la Coudre à Laval et qu'elle a habité à Meslay du Maine. Et sa soeur, qui habite dans les Pyrénées voit le Pic du Canigou, le matin en se levant. Peut-être une future rencontre ! En attendant, me voilà remis sur pied  pour finir mon étape à l'hôtel Ibis Budget à la gare de Caen .

Sur le chemin, je suis interpellé par une personne à l'accent espagnol. Elle a vécu son enfance  à Santiago de Compostella et à habiter à Logroño. Le monde est vraiment petit. Il me souhaite un buen camino.

Voici le port de Caen, direction la gare pour prendre ma chambre d'hôtel. Je n'ai qu'une hâte, prendre une très très bonne douche fraîche.

Étape 16 km

Cumul : 16 km